Le Train Bleu est le mythique restaurant gastronomique situé au cœur de la gare de Lyon, place Louis Armand, dans le 12è arrondissement de Paris. Construit sous la direction de l’architecte Marius Toudoire à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900, il est inauguré l’année suivante par le président de la République Emile Loubet, sous le nom de « buffet de la gare de Lyon ». En 1963, l’établissement est rebaptisé « le Train Bleu », en hommage au train express de nuit qui dessert les villes de la côte d’Azur en longeant la Méditerranée. Depuis 1972, ses salles et salons ornés de sculptures, de dorures et de moulures sont classés aux monuments historiques. Dans cet article, nous allons retracer l’histoire de cette brasserie emblématique, tout en nous intéressant aux éléments décoratifs réalisés par les plus grands peintres de l’époque.
L’histoire du buffet de la gare de Lyon
Paris, fin du 19ème siècle : les travaux d’embellissement de la nouvelle gare de Lyon sont engagés à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. La reconstruction de l’ancienne station permet ainsi à la compagnie ferroviaire du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) de confirmer sa position de leader dans le trafic ferroviaire en direction du sud. Pour conforter sa notoriété, la direction souhaite aussi faire construire un buffet prestigieux. Les travaux sont confiés à Marius Toudoire, un architecte à qui l’on doit notamment la Tour-Horloge et la nouvelle façade de la gare de Lyon. Désormais, le site parisien qui accueille de plus en plus de touristes, dispose d’un beffroi et d’une façade monumentale, ornée de sculptures et de blasons représentant les villes desservies. Le buffet de la gare, simple lieu de transit du voyageur entre deux trains, bénéficie alors de cet embellissement. Ses décors peints et sculptés sont une invitation au voyage qui s’étend sur près de 700 m². Peintures et fresques évoquent une carte postale de la France prospère d’avant-guerre, à travers ses monuments historiques et ses paysages diversifiés. Cette invitation au voyage s’adresse à la haute société de la Belle Époque, qui expérimente le tourisme ferroviaire. Initialement, le buffet de la gare de Lyon devait être inauguré pour l’Exposition Universelle de 1900, mais il faut attendre le 7 avril 1901 pour découvrir ce chef-d’œuvre néo-classique digne d’un musée.
Les décors du Train Bleu
L’intérieur du Train Bleu est divisé en plusieurs espaces. La grande salle, dite « salle Rejane » s’étend sur près de 26 mètres, la salle dorée, qui doit son nom aux stucs qui couvrent ses murs s’étend, quant à elle, sur plus de 18 mètres. Sur la gauche, on trouve les salons tunisiens et algériens, caractérisés par leur décoration à base de motifs géométriques et de paysages orientaux. Tous les plafonds de l’établissement sont entièrement peints, sculptés ou dorés. Les 40 décors peints sur toiles à la gloire du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) ont été réalisés par des artistes de renom. On y retrouve notamment des paysages et des villes desservies par le réseau ferroviaire, comme le théâtre d’Orange, peint sur le mur sud de la salle principale. Le mobilier du restaurant est en acajou massif et des lustres en bronze dorés ornent les plafonds décorés. A cette époque, les membres du comité de direction du PLM n’hésitent pas à s’afficher autour de personnalités, comme les actrices Sarah Bernhardt et Réjane, ou encore l’écrivain Edmond Rostand. Durant la seconde guerre mondiale, le buffet de la gare est réquisitionné par les allemands, avant d’être remis à la disposition de la SNCF en 1945. En 1963, l’établissement tombé en désuétude est repris par Albert Chazal, un restaurateur qui entame des travaux de rénovation. Le buffet de la gare de Lyon est alors rebaptisé « le Train Bleu », en l’honneur du mythique train de nuit Paris-Vintimille, à destination de la côte d’Azur. En 1972, le salon doré, la grande salle, les salons tunisiens et algériens, ainsi que les passages avec leurs décors sont classées monuments historiques par André Malraux.
Les principales œuvres du restaurant
Plusieurs œuvres viennent décorer les murs et plafonds du célèbre restaurant gastronomique. Dans la grande salle, trois peintures représentent les trois plus grandes villes de France : Paris, avec une œuvre de François Flameng (1856-1923), Lyon avec la peinture de Guillaume Dubufe (1853-1909) et Marseille peint par Gaston Casimir Saint-Pierre (1833-1916). La principale peinture de cette salle a été réalisée par le peintre Albert Maignan. Elle représente le théâtre d’Orange, où plusieurs portraits de personnalités ferroviaires de l’époque sont présents, comme Stéphane-Adolphe Dervillé, président de la Compagnie de Chemin du Fer Paris-Lyon-Méditerranée. Au total, une trentaine de peintres parmi les meilleurs de l’époque ont réalisé les décors du Train Bleu. Une peinture murale de René Billotte (1846-1914) orne le plafond de l’escalier et dans la salle dorée, on retrouve les œuvres d’Henri Gervex (1852-1929) et de Jean-Baptiste Olive (1848-1936), artiste réputé pour ses peintures marines.
Le Train Bleu, les stars et le cinéma
Véritable bijou d’architecture de la Belle Époque, le Train Bleu a accueilli plus d’une célébrité à ses tables : Brigitte Bardot, Sarah Bernhardt, Coco Chanel, Jean Cocteau, Colette, Salvador Dalí, Jean Gabin, François Mitterrand ou encore Marcel Pagnol étaient des habitués de ce restaurant gastronomique. La mythique brasserie parisienne a également été source d’inspiration pour bon nombre de réalisateurs qui l’ont souvent utilisée comme décor. En 1990, Luc Besson y a posé ses caméras pour le tournage du film « Nikita » aux côtés d’Anne Parillaud. Le Train Bleu a aussi servi de décor en 1998 pour le film ‘Place Vendôme » de Nicole Garcia, ainsi qu’en 2005 pour le film « Anthony Zimmer » avec Sophie Marceau. Une séquence du film « les vacances de Mister Bean » interprété par l’acteur britannique Rowan Atkinson a aussi été tournée dans les salons du Train Bleu en 2007.
Cuisine traditionnelle et service à la française
Avec sa capacité de 250 couverts, le spectacle de la gastronomie ne se joue pas que dans les assiettes. Le restaurant offre un service rapide, distingué et respectueux de la tradition française, telle une véritable cérémonie. Découpe de la viande, choix du morceau et flambage sont réalisés sous les yeux ébahis des convives par une brigade de maîtres d’hôtels venus sublimer la cuisine du chef. Depuis 2018, le restaurant collabore avec la Maison Rostang qui a cosigné une nouvelle carte gastronomique et de nouveaux plats, dans la tradition du buffet de la gare. Le chef étoilé Michel Rostang souhaite proposer une cuisine influencée par les produits de saison et régionaux, emblématiques de la ligne historique PLM (Paris-Lyon-Méditerranée). Ainsi le véritable gratin dauphinois sans fromage ni œuf vient sublimer le fameux gigot d’agneau rôti, incontournable plat du Train Bleu. Autres spécialités des lieux, l’emblématique Baba au Rhum ou le Tartare préparé sous vos yeux. De nombreux chefs se sont succédés dans les cuisines du restaurant de la gare de Lyon : Jean Thauvin (1963-1992), Michel Comby (1992 -2000), André Signoret (2000-2004), Jean-Pierre Hocquet (2004-2019). Samir Balia, qui a notamment œuvré dans les cuisines de l’hôtel Royal Monceau est le nouveau chef du restaurant depuis 2019.
Le Train Bleu : informations pratiques
Le restaurant le Train Bleu est ouvert tous les jours de l’année, de 11h15 à 14h30 et de 19h à 22h30. En plus de ses 2 grandes salles, l’établissement propose aussi la vente à emporter, ainsi qu’un espace bar (le bar Lounge ouvert de 7h30 à 22h30 en continu) composé de plusieurs petits salons au décor luxueux. Carte des vins, carte cadeau, menu, avis, réservation… retrouvez toutes les informations pour préparer votre visite culinaire sur le site Internet www.le-train-bleu.com/fr/.
Bon appétit !