Le Pont du Gard ou l’histoire du plus grand aqueduc romain

Le pont du Gard est un célèbre ouvrage antique à trois niveaux, situé sur la commune de Vers-Pont-du-Gard, en région Occitanie. Bâti au cours du premier siècle, il est destiné au passage d’un aqueduc romain qui conduisait l’eau d’Uzès à Nîmes et ce, jusqu’au sixième siècle. Devenu pont routier au Moyen-Âge, le pont du Gard a aussi subi d’importantes restaurations au cours des siècles pour préserver sa formidable architecture romaine. Classé aux monuments historiques depuis 1840, le pont du Gard accueille chaque année plus d’un million de visiteurs venus séjourner dans le sud de la France. Situé à une trentaine de kilomètres de Nîmes et de ses célèbres arènes romaines, l’ouvrage est aussi inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1985. Dans cet article, nous allons nous intéresser à l’architecture et à la construction de ce pont emblématique, tout en retraçant, au préalable, l’histoire du plus grand aqueduc antique construit par les romains.

L’aqueduc romain de Nîmes

La construction d’un aqueduc qui relie Uzès à la ville romaine de Nemausus (anciennement Nîmes) remonte au premier siècle, après Jésus-Christ. L’ouvrage qui traverse le Gardon, est destiné à alimenter la ville de Nîmes en eau potable, en acheminant la dizaine de sources de la fontaine d’Eure situé au pied d’Uzès. Les principales eaux de la source proviennent de la rivière d’Alzon et du Mont Bouquet, situé près d’Alès. Chef d’œuvre d’ingénierie, l’aqueduc, dont le dénivelé entre les points de départ et d’arrivée n’est que de 12,6 mètres, s’étend sur plus de 52 kilomètres, avec une pente moyenne générale de 24,8 cm par kilomètre ! Le relief montagneux du site oblige l’ouvrage à serpenter entre les vallées des Garrigues d’Uzès et de Nîmes. La construction de l’aqueduc est réalisée en céramique, ce qui semble confirmer une construction entre l’an 40 et l’an 50 après J.-C. Les travaux de l’ouvrage ont duré près de 15 ans et ce dernier demeure le plus grand aqueduc romain jamais réalisé. Sa construction n’a cependant pas été réalisée dans le but d’alimenter la ville de Nîmes en eau potable (cette dernière possédait en effet de nombreux puits et sources), mais pour alimenter les thermes, bains, jardins et autres fontaines de la ville. Le pont du Gard, quant à lui, symbolise le génie scientifique romain, ce dernier devant résister aux redoutables crues du Gardon. Hélas, le manque d’entretien et les dépôts calcaires de plus en plus importants auront pour conséquence l’arrêt du fonctionnement de l’aqueduc au début du sixième siècle.

La construction du pont du Gard

Une des caractéristiques majeures du pont du Gard reste sa construction réalisée en grande partie à sec et sans mortier. Les pierres du monument, dont certaines pèsent près de 6 tonnes, sont emboîtées et maintenues à l’aide de tenons de chêne. Seule la partie la plus élevée de l’ouvrage (à hauteur du canal) est faite de moellons (pierres de calcaire) liés avec du mortier. Le pont du Gard est réalisé en pierres de calcaire « coquillier » provenant de la carrière de l’Estel située à 700 mètres, en aval, au bord du Gardon. Les canalisations situées sur le troisième et dernier étage de l’édifice mesurent 1,80 m de haut, permettant aux hommes d’en effectuer facilement l’entretien. L’étanchéité du canal supérieur est réalisée à partir d’un béton romain à base de chaux recouvert d’une peinture rougeâtre destinée à éviter la dégradation liée au calcaire. Les travaux de construction du pont du Gard semblent avoir duré entre trois et cinq ans et la construction de l’aqueduc de Nîmes une quinzaine d’années.

Ballade en canoë sous le pont du Gard
Le site du pont du Gard attire chaque année plus d’un million de touristes

L’architecture antique de l’ouvrage

Le pont du Gard est un édifice en pierres construit sur trois étages d’arcades superposées à plein cintre, dont le sommet culmine à 48,77 mètres. Aujourd’hui long de 275 m, le pont du Gard mesurait autrefois 360 m de long. L’étage inférieur est composé de 6 arches et mesure 142,35 m de long pour une largeur de 6,36 m. La hauteur du premier étage de l’édifice est de 21,87 mètres. L’étage moyen est composé de 11 arches réparties sur une longueur de 242,55 m et d’une largeur de 4,56 m. La hauteur du second étage est de 19,50 m. Enfin, l’étage supérieur est aujourd’hui composé de 35 arches (47 autrefois) et mesure 275 mètres de long (360 mètres autrefois). Sa largeur est de 3,06 m pour une hauteur de 7,40 m. Le canal, situé au sommet du troisième étage du monument, mesure 1,80 m de haut par 1,20 m de large. Le canal affiche aussi une pente de 0,4%. Le pont du Gard enjambe le Gardon dont le courant passe généralement sous le premier étage. Cependant, lors des grandes crues historiques, la hauteur du Gardon pouvait atteindre le second étage de l’édifice.

Le pont aqueduc et ses aménagements

Au cours du Moyen-Âge et jusqu’au 18è siècle, le pont du Gard a subi d’importantes dégradations : 12 arches du pont supérieur ont été détruites et des pierres furent récupérées comme matériau de construction. L’édifice est ensuite utilisé comme passage pour traverser le Gardon et les piles du second niveau sont élargies pour faire face au trafic de plus en plus important, déstabilisant dangereusement l’ensemble de l’ouvrage antique. En 1647, l’évêque de Nîmes alerte les Etats de Languedoc sur l’état du pont et son potentiel danger de ruine. Le 10 janvier 1660, le roi Louis XIV, en visite dans le sud de la France, se rend au pont du Gard. Finalement, en 1696 un devis de réparation est réalisé et des travaux de restauration sont lancés jusqu’en 1704. Les piliers de l’édifice sont renforcés et les voies de circulation du second niveau sont élargies. Entre 1743 et 1747, l’ingénieur Henri Pitot accole aux arches de l’étage inférieur un solide pont routier. Au cours du 19è siècle, de nouveaux travaux de restauration sont entamés, parmi lesquels la création d’un escalier à l’intérieur de la dernière pile du dernier étage permettant d’accéder au canal. Mais les plus importantes restaurations de l’histoire du pont du Gard restent celles réalisées sous le règne de Napoléon III, entre 1855 et 1859. En 2000, l’Etat français ainsi que l’Unesco et l’Union Européenne financent un projet d’aménagement du site afin de préserver ce dernier face à l’afflux des touristes. Le site devient alors accessible uniquement aux piétons et des infrastructures destinées aux visiteurs sont créées, parmi lesquelles, un musée. Parallèlement, des bâtiments invisibles et intégrés dans la roche sont réalisés.

Le musée situé sur site du pont du Gard
Un musée situé à quelques mètres du pont du Gard retrace l’histoire du célèbre aqueduc de Nîmes

Le site du pont du Gard et ses infrastructures

Haut lieu touristique français à proximité des villes de Nîmes et d’Avignon, le site du pont du Gard accueille chaque année plus d’un million de touristes en provenance du monde entier. Un musée de 2500 m² situé à quelques mètres du monument retrace toute l’histoire du célèbre aqueduc antique de Nîmes. Maquettes, reconstitutions à l’échelle réelle, visites virtuelles… plongent les visiteurs dans l’histoire et le génie pluridisciplinaire romain. Sur la rive gauche, à 200 mètres du pont du Gard, une ballade de 1,4 kilomètre est proposée et permet de découvrir l’histoire du paysage méditerranéen, ainsi que des vestiges de l’aqueduc romain. Une salle de cinéma d’une capacité de 300 places mêlant documentaire et fiction est mise à disposition des touristes présents sur le site du pont du Gard. Ludo, quant à lui, est l’espace muséographique dédié aux enfants âgés de 5 à 12 ans. Des expositions temporaires dédiées à l’art, à l’histoire ou à la science sont aussi mises à disposition du public chaque année. Une exposition permanente sur les thèmes du patrimoine mondial et des grands sites de France est visible toute l’année sur le parvis du bâtiment rive gauche. Enfin, des visites guidées du pont permettent de visiter le sommet de l’aqueduc et son canal historique.

Toute l’année, le site du pont du Gard propose des événements pour toute la famille. Des spectacles sons et lumières sont organisés chaque été et des ateliers, cirques, théâtres, conférences et visites guidées sont programmés afin d’offrir une expérience inoubliable. Si vous souhaitez découvrir d’autres sites romains à proximité, nous vous recommandons de visiter les arènes de Nîmes (30 km) ainsi que les arènes d’Arles (40 km) situées, quant à elles, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Horaires, accès, événements, billetteries… toutes les informations sont disponibles sur le site Internet www.pontdugard.fr

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